Samedi 31 mars.
Bien dormi. La circulation reprend vers 6h du matin, mais c'est pas grave, on est déjà réveillés.
Babé part faire un tour vers les champs pendant que je me prépare. Beaucoup de "No-No" et pas de nouveaux oiseaux.
Ce coin près du lac est vraiment sympa. La vue y est jolie en dépit du brouillard qui va et vient. Les chants des oiseaux d'eau font plaisir aux oreilles.
On quitte cet endroit paisible pour rejoindre la côte plongée dans le brouillard. On espère voir des "Nénéphants", petit nom qu'on a donné aux éléphants de mer que l'on a énormément disfruté en Amérique du sud. Babé en est très fan.
Mmpffff ! Ici, les panneaux "No Overnight Parking" et "No Parking" s'égrennent tous les 50m des deux côtés de la route.
Et dire qu'on nous avait dit : "Ouais ! Vous allez voir ! La route côtière, c'est trop cool, on peut bivouaquer partout !"
Pas d'éléphants à San Simeon, le "vista point" se trouve au nord de Cambria vers le phare de Piedras Blancas (35.663012,-121.25756)
Ici, les Nénéphants sont protégés des touristes par une haute barrière en bois tout le long du Vista Point.
Néanmoins, c'est une grande joie que de les revoir. On a même une percée de ciel bleu qui nous accompagne.
Ça c'est sûr !, c'est pas Ninfas. Ici, on a plutôt l'impression d'être en cage, mais... quand on voit l'attitude de certains touristes, on se dit que ce n'est peut-être pas plus mal...
La population d'éléphants de mer du nord (Mirounga angustrirostris) (ils ont la même taille mais sont plus légers en poids que leurs cousins d'Amérique du sud) a été complètement éradiquée des côtes nord américaines au XIXème siècle. L'éléphant de mer était chassé pour sa graisse qui donnait une très bonne huile.
Les scientifiques pensaient que cette espèce était complètement éteinte lorsqu'ils en ont trouvé un petit groupe sur l'île de Guadalupe, au large de la Baja California.
En 1990, une douzaine d'individus sont venus sur cette plage. En 1992, le premier bébé éléphant de mer est né et, en 1996, ils étaient plus de 1000. Aujourd'hui, la population dépasse les 15000 individus.
Depuis 1997, les volontaires de "Friends of the Elephant Seal" protègent cette colonie, ce qui, comme je l'ai déjà dit, n'est pas plus mal quand on voit les comportements débiles de certains. Tout de même, ils auraient pu laisser possible l'overnight parking... Mais là encore, quand des cons laissent tourner leurs générateurs toute la nuit... et que dire des chiens...
Nous disfrutons ces Nénéphants avec grand plaisir. Ils sont aussi craquants que leurs cousins d'Amérique du sud avec leurs grands yeux noirs. Ils en ont les mêmes mimiques.
La période de reproduction est malheureusement terminée (de janvier à février, elle tombe en même temps que celle des baleines en Baja...). Il ne reste plus qu'un gros mâle dans le groupe du fond. La plage accueille les jeunes nés de l'année (les "bébé-thons", comme on les surnomme ) et tous les individus qui viennent pour muer.
Les jeunes mâles s'entraînent fréquemment à se bagarrer comme les adultes, les cicatrices et le sang en moins. Sinon, ils se baignent comme les autres ou restent allongés seuls ou groupes sur la plage en se recouvrant de sable pour avoir moins chaud.
Tiens, une loutre de mer. Sympa !
Et dans les herbes, au bord de la barrière, un écureuil terrestre de Californie (California Ground Squirrel).
Nous déjeunons entre soleil et brouillard, puis prenons la route en début d'après-midi en direction du nord. On souhaiterait bivouaquer dans la National Forest près de Big Sur.
Malheureusement, quelques dizaine de km plus loin, la route se trouve coupée en-dessous de Gorda. Impossible de passer, elle a été emportée par un éboulement et ils sont en train de la refaire !
On finit par se poser sous Breaker Point, sur un pullout (35.775691,-121.32734) recommandé par I-Overlander.
Pas de "No" sign sur celui-là. Dommage que le temps soit bouché, il semble y avoir une belle vue sur l'océan...
Nuit tranquille. Très peu de circulation.
Dimanche 01 avril.
Réveil efficace pour retourner aux éléphants. Ce n'était pas prévu, mais puisqu'il faut que l'on refasse la route dans l'autre sens pour récupérer l'autoroute intérieure afin de se remonter ensuite vers San Francisco, autant en profiter.
Le temps est encore très couvert.
On met les parkas et part faire la balade vers le phare à travers champs. Pas de clôture, mais un cordon pour éviter de s'approcher trop près de la mini falaise...
Seuls de bon matin, on disfrute les Nénéphants.
Vers 10h, on se pose sur un sentier plus au sud. Babé part à la recherche d'un piou-piou qu'il ne trouvera pas.
Le temps se dégage soudain et le soleil brille magnifiquement. Plutôt que de passer l'après-midi sur la route, on décide de rester aux Nénéphants.
Babé part se balader pour faire quelques photos supplémentaires de ses mammifères préférés pendant que je reste au camion à traiter quelques photos.
Le printemps est là.
Et ce rocher ? Vous trouvez qu'il a quelle forme ?
Pour Babé, c'est un Nénéphant bien sûr ! Pour moi, un lion de mer. Et pour vous ?
C'est dingue comme le paysage change avec du soleil !
On ne l'imaginait pas si vallonné. Et les falaises sont vraiment sympas.
Par contre, no soucis, ça a coupé dur dans le coin pour faire des pâturages. Encore une fois, là où il n'y a pas de protection, il ne reste plus que des reliquats de forêts par-ci, par-là.
Pour notre dodo du soir, on retourne à notre pullout sous Breaker Point.
Le coucher de soleil y est beaucoup plus joli ce soir.
Malheureusement, cette belle journée se termine sur une mauvaise note. Et ce n'est pas un poisson d'avril !
Vers 21h30, un ranger de la National Forest vient toquer à la porte (je précise qu'on est juste en dehors de ladite National Forest). Un "gentil" "neighbour" (=voisin) l'a appelé pour dire qu'on était là depuis quelques jours !
Petit speech du ranger comme quoi on n'est pas sensés dormir ici, mais comme Babé joue l'innocent en disant qu'il n'y a pas de "sign" (=pancarte) interdisant l'overnight, le ranger nous dit que c'est bon pour cette nuit, qu'on n'a pas de "ticket" (=amende) mais qu'on en aura une si on dort une troisième nuit.
L'enfoiré de voisin ! Les américains et leur "neighbour watch". Ah, ça devait y aller les délations du temps du Mac Arthisme !
Cet incident me met de mauvaise humeur.
Babé reste stoïque, as himself. Après tout, on n'a pas eu d'amende...