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Pas trop mal dormi. Ce parking de Walmart s'est avéré plutôt tranquille.

On décolle à 7h00. Le ciel bleu est magnifique. La journée s'annonce chaude.

Maps.me nous amène directement au passage frontière de Brownsville. Enfin... plutôt au péage du pont qui passe sur le Rio Grande car les douanes américaines ne se trouvent que du côté entrant de la frontière, pas du côté sortant.

J'avais lu un article sur I-Overlander donnant les démarches à suivre et ils avaient précisé ce détail fâcheux. J'explique donc notre situation (que nous devons rendre le papier du visa agrafé à nos passeports) au garde-péage qui nous redirige très gentillement vers un 'turnaround' sur la gauche, une petite rampe d'accès, qui mène au parking d'inspection américaine des véhicules entrant aux U.S.A.

Je ré-explique la situation aux douaniers américains un peu moins commodes qui nous dirigent vers les bureaux de l'autre côté de la route.

Une douanière pas du tout souriante surveille le portique d'entrée sur le territoire. Comme elle nous voit arriver de l'autre côté, nous lui ré-expliquons notre situation. Elle nous laisse passer bon gré mal gré.

Nous arrivons enfin dans le bureau et le gars au guichet ne s'avère quère plus commode que les autres. Il prend nos passeports, fait la remarque qu'on a utilisé nos visas presque jusqu'à la fin (ils expirent demain), puis nous demande par où on est entrés sur le territoire car il ne reconnaît pas les lettres sur le papier. Petit moment de flottement, il dégrafe finalement les papiers et nous rend nos passeports. On lui demande s'il y a besoin d'un tampon de sortie. Non.

Retour vers la douanière-pas-souriante. Elle regarde nos passeports et nous laisse passer.

En arrivant au camion, les douaniers de l'inspection des narco-trafics nous demandent de l'ouvrir et d'attendre sur le côté. Ils n'ont personne et doivent s'ennuyer. Ou alors,... c'est à cause des cheveux de Babé.

Un chien renifle le camion. Cela ne prend que quelques minutes. Ils nous demandent si on n'a pas de marijuana, d'autres drogues ou des armes. Je leur réponds que non.

Babé n'ayant pas tout compris, le douanier me demande de lui traduire et Babé répète que non.

C'était à cause de ses cheveux ! Ils ont vraiment l'air déçu de n'avoir rien trouvé.

Ils nous indiquent de reprendre le 'turnaround' et nous revoici devant le gentil garde-péage qui nous demande si ça c'est bien passé. On lui réponds que oui et on règle les 3,5$ du pont.

Je me dis que ça va être bien folko de repasser la frontière dans quelques semaines, vu le cinéma que les douaniers américains nous ont fait. On risque d'y passer un bon bout de temps... ou pas, si le gars de l'immigration décide de ne pas nous laisser entrer.

Nous empruntons donc le pont sur le Rio Grande. Toutes ces grilles, ça donne vraiment envie, non !

Nous sommes contents de retrouver le système métrique. Quelle idée d'utiliser des miles !

Et nous voici sur le sol mexicain.

Un gars en gilet orange nous indique où nous garer et nous dirige vers le bureau des douanes. Trois guichets : migracion, copias, banjercito.

On commence par la migracion.

Le douanier, tranquille, nous donne un document à remplir. Un français qui passe par là nous donne un coup de main, sympa. Apparemment, on a bien tout rempli.

Puis, il faut aller au banjercito pour payer le visa (FMM) et faire l'importation temporaire du camion (TVIP).

Le visa, qui a augmenté depuis le 1er janvier, coûte maintenant 500 pesos/personne (environ 25 euros).

J'ai prévenu la Banque Postale il y a deux semaines qu'on allait au Mexique. Ouf, ma nouvelle carte bleue visa fonctionne et nous voici débités de 1000 pesos (Au cas où, on avait retiré des dollars américains ! ).

Je garde précieusement le ticket car il nous sera demandé à la sortie du territoire. Sinon, il faudra re-payer la même somme.

C'est au tour de déclarer TiNéfant.

Babé se débrouille comme un chef pour expliquer au douanier que TiNéfant est une "casa rodante" même si ce n'est pas mentionné sur la carte grise. Ils se rendent tous les deux vers TiNéfant pour vérifier les numéros du véhicule et voir que c'est bien une maison roulante.

Le jeune douanier, sympa et compréhensif, nous accorde les dix ans d'importation temporaire alloués aux camping-cars. Cool, pas besoin de déposer 400$ de caution. On fournit les photocopies demandées (carte grise, passeport et permis international du propriétaire) puis on règle directement l'importation du camion, soit 1271,94 pesos (environ 60 euros). Il faut la payer avec une carte de crédit au nom du propriétaire du véhicule. Heureusement, j'avais aussi prévenu la CIC bien à l'avance. La mastercard passe. Re-ouf !

Tout ça prend un petit bout de temps. Il faut déclarer ce qu'il y a dans le camion, signer des papiers. On a bien fait d'arriver tôt car une file se forme derrière nous.

Le douanier nous donne enfin tous les papiers et le sésame : l'autocolant d'importation temporaire de dix ans à coller au milieu, en haut du pare-brise.

Nous retournons vers le guichet de la migracion donner la preuve que nous avons payé nos visas. Le douanier nous accorde 180 jours. Cool !

Nous en avons fini avec la paperasse. Reste à passer l'inspection du véhicule.

Normalement, on doit ressortir avec le camion et passer par un portique. Si la lumière est verte, on passe sans inspection. Si la lumière est rouge, inspection.

Le gars au gilet orange nous dit d'aller voir le douanier qui se trouve vers les guichets d'inspection. Pas très commode, celui-ci nous dit de patienter.

On attend.

Au bout d'un moment, le gars au gilet orange nous dit d'y retourner. Là, une douanière qui vient d'arriver se charge de l'inspection.

Elle nous fait ouvrir le camion. Babé ouvre les placards, lui montre la seule pomme qu'il a gardé et le beurre dans le frigo. Il faut déclarer tous les fruits, légumes, produits laitiers et viandes que l'on a.

Elle ne fouille rien et nous demande alors de nous diriger vers le scanner.

Bon, là, une petite précision : tout ça a l'air tout fluide comme si on comprenait tout du premier coup. Erreur ! Afin d'alléger le récit, je vous ai épargné les "Disculpe, no entiendo"(Excusez-moi, je ne comprends pas), "No hablo bien espagnol" (je ne parle pas bien espagnol), "Mas lento, por favor" (plus lentement, s'il vous plaît), "Puede repetir", etc... Les douaniers mexicains parlent super vite, mais sont patients avec notre pauvre espagnol.

Après qu'elle nous ait indiqué trois fois où aller, on se rend au bout du parking. Là, un gars sort de sa guérite. Il m'indique que je dois descendre du véhicule, que seul Babé peut le conduire au milieu du scanner. Puis, nous nous mettons à l'abri et le scan se déroule.

On va se garer là où on nous dit et on attend. Encore.

L'air est super chaud. le vent souffle en fortes rafales. Babé spote les coincoins sur la mare d'à côté. Il a gardé ses jumelles !

On attend, résignés mais tranquilles, en se disant qu'ils vont tout nous faire déballer comme dans la remorque du véhicule d'à côté.

La douanière arrive enfin.

Elle regarde les résultats du scanner, prend la plaque d'immatriculation du camion en photo avec son smartphone (souvenir ou preuve ?) et nous dit un truc qu'on ne comprend pas. (Je vous ai dit qu'on ne comprenait rien ! )

Elle répète ce qu'elle vient de dire et nous fait signe d'y aller en nous souhaitant un bon séjour.

Wouah, cool ! Ayé, on a passé la frontière !

On se retrouve un peu bêtes. Après plus de deux heures en douanes, on se voyait y passer toute la journée.

On reprend l'autoroute.

La ville de Matamoros est juste à côté. Ça fait bizarre. On entre dans un nouveau monde typiquement sud-américain qui me rapelle le Pérou.

Tout est construit mais pas totalement fini. Les petites échoppes colorées se succèdent le long des rues poussiéreuses. On se fait doubler en tout sens et klaxonner.

Je souris. C'est comme un retour à la maison.

Plus de règlementations, de panneaux te disant quoi faire ou ne pas faire. Il y a des vendeurs à chaque coin de rue qui attendent de te vendre toutes sortes de choses et d'aliments quand tu t'arrêtes à un feu. La misère est aussi bien visible. Les gens ne sourient pas tellement.

Ici, ce n'est pas les Etats-Unis.

Il y a un supermarché juste à l'entrée. J'arrive à nous sortir de l'autoroute et nous faire faire demi-tour. On arrive à se garer sur le parking et Babé reste au camion pendant que je vais retirer de l'argent (6000pesos, environ 300euros) et acheter fruits, légumes et produits frais.

Nous sommes dans l'état du Tamaulipas, réputé très dangereux, comme ses voisins, à cause de toutes sortes de trafics et de violences. Même si Babé a énormément foi en l'Homme, j'ai passé un deal avec lui (disons plutôt que j'ai IMPOSÉ mes conditions ): extrême prudence dans cet état et la partie nord-est du Mexique qu'il veut explorer, l'un de nous deux reste toujours dans le camion. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je l'aurais évité et fait comme tout les voyageurs en allant en Baja California. Mais le Mexique est l'un des pays les plus diversifié au niveau des écosystèmes. On peut passer d'une zone à scrub sèche à de la forêt humide en moins de 200km. Il y a beaucoup d'oiseaux endémiques.

Donc, parmis les autres conditions (Babé éclate de rire en lisant ça !), j'ai demandé à cibler les zones, éviter de trop vagabonder et de dormir n'importe où (style bord de route ou de piste qu'il affectionne particulièrement), en gros de dormir soit dans des campings soit sur des stations Pemex. En lisant des bird trips, j'ai ciblé 9 endroits où aller spoter, sinon Babé aurait spoter partout et n'importe où. C'est avant tout pour me rassurer car ces rapports datent tous d'une dizaine d'années. La zone serait-elle dorénavant trop risquée... ?

Retour au supermarché où les prix sont nettement inférieurs à ceux des Etats-Unis et de l'Europe.

Une femme, en voyant mon visage pâle (c'est comme ça qu'elle l'a dit ), me demande d'où je viens. Elle me souhaite la bienvenue et un bon voyage dans son pays en dépit des troubles qu'il y a actuellement.

Le passage en caisse dure une éternité. Il fait chaud. Pas de clim dans le supermarché.

Une à deux personnes attendent devant la caisse. Ils ne disent rien, mais j'ai l'impression qu'ils font la manche...

De retour au camion, il est 11h. La chaleur nous écrase.

On prend aussitôt la route. On a 300km à faire jusqu'à La Pesca, notre premier spot obs.

La sortie de la ville se fait sans encombres. On découvre nos premiers "topes", de petits dos d'ânes très courants dans le pays, plus ou moins hauts, signalés et donc rebondissants pour TiNéfant.

On arrive aussitôt dans la campagne. De grands champs sont "sponsorisés" par des vendeurs de semences. Les bords de routes sont sales. De petites échoppes bordent les pueblos traversés.

Le contrôle phytosanitaire auquel je m'attendais n'existe plus. À la place, nous avons droit à un contrôle militaire. De jeunes gens en armes, gilets par balles, casques et cagoules nous arrêtent pour contrôler le véhicule. "D'où venez-vous ?", "Où allez-vous ?". Ils fouillent sommairement l'intérieur en voyant que nous ne sommes que de simples touristes et nous laissent repartir.

Toutes ces armes qui tirent de vraies balles, ça fout quand même un peu les j'tons. Bizarrement, je me sens tout de même moins stressée qu'aux Etats-Unis...

Nous croiserons aussi deux convois sur la route.

Pas très rassurant ? Je ne saurais dire.

Autant les forces de l'ordre étaient ultra-présentes aux Etats-Unis, autant elles ne semblent être cantonnées qu'à certains endroits au Mexique.

Ma première impression est que la situation n'est pas simple dans ce pays et que les gens font ce qu'ils peuvent pour survivre. Je comprends qu'ils tentent de passer de l'autre côté. Mais, je ne suis pas sûr que ce soit pour le meilleur...

Les km avancent. Nous faisons notre premier plein de gasoil. 16,97pesos soit près de 0,85euros si on compte qu'1 euros vaut 20pesos. Glups, ça fait bizarre. C'est pas encore trop cher, mais on en a pour 1000pesos du plein. J'aurais peut-être dû en retirer plus...

Le paysage change. Des champs, on passe aux pâturages puis à des zones valonnées couvertes d'une végétation arborée sèche qui nous fait aussitôt rêver.

Pas besoin de mots. Je vois bien que Babé serait prêt à prendre la première piste venue pour aller spoter pendant des jours. Mais...

... nous ne faisons que passer.

Qui dit nouveau pays, dit nouvelles règles de signalisation. Babé se fait rapidement à rouler à moitié sur la bande d'arrêt d'urgence . C'est ce que tout le monde fait pour se laisser doubler facilement. Une autre chose en commun avec le Pérou.

Nous arrivons à Soto la Marina vers 16h. On tourne pour aller à La Pesca et on prend un topes un peu dur non signalé (pas le premier de la journée !).

On roule et le camion se met soudain à rebondir bizarrement.

On pense d'abord que c'est la route, mais le bruit devient plus fort.

On se gare pour constater ce qu'on redoutait : On a crevé !

Putain ! C'est vraiment pas de bol !

Mais bon, presque deux mois sans qu'il nous arrive une couille, ça ne pouvait pas durer !

On est à 8km de Soto et bien plus de La Pesca.

Babé craint d'abîmer le pneu en roulant davantage. Il nous arrête à la première maison venue qui est en fait un Centro Evangelico "El Tabernaculo"

Deux enfants jouent dans le jardin. Babé se renseigne dans la maison et revient avec Israël, le propriétaire des lieux, qui nous aide aussitôt. C'est qu'on a un cric hydraulique qu'on ne sait pas faire marcher. Par chance, Israël en a un à manivelle. Babé a aussi peur de ne pas pouvoir dévisser les boulons avec nos outils. Israël revient avec un tube en métal qui fera l'affaire.

Le changement de roue se fait en quelques minutes.

On demande à notre hôte comment le remmercier. Il ne demande rien et nous montre son cœur. Il nous dit aussi qu'on vient de se faire notre premier ami mexicain.

Le pneu a une grosse bosse sur le côté. Israël nous dit que c'est à cause des topes et qu'on peut le faire réparer à Soto la Marina.

Nous remercions chaleureusement notre hôte pour son aide et repartons en ville.

Une chose est sure, ce ne sont pas les vulcanizadora qui manquent. On comprend maintenant pourquoi.

En voyant l'état de notre pneu, le gars dit qu'il ne peut rien faire. Le renflement s'étale sur un cinquième du côté.

Babé est déçu car on se retrouve sans pneu de rechange dans un pays qui n'a pas nos dimensions de pneus. Oh well, chaque problème en son temps. Pour l'instant, on peut à nouveau rouler. On n'est pas resté coincés pendant 15 jours !

Après vérification de la pression des pneus (20pesos), nous retournons donc sur la route de La Pesca en prenant d'énormes précautions sur les topes. Le paysage est agricole. Quelques champs, des pâturages et toujours cette belle végétation arborée sèche. On voit nos premiers gauchos à cheval.

La Pesca est un petit village de pêcheurs et d'agriculteurs situé au bord d'un estuaire et entouré de lagunes. C'est aussi une petite station balnéaire avec quelques hôtels et un camping. Tout au bout, après avoir passé 12 topes en moins d'1km ! , il y a une immense plage avec des palapas (de petites cabanes végétales servant de parasols) et des bâtiments plus ou moins à l'abandon. Il semble y avoir eu un petit boom touristique pendant un temps...

Le vent souffle encore en fortes rafales qui soulèvent le sable. Des voyageurs ont dormi sur la plage. Mais pour notre première nuit, je préfère aller au camping (23.785764,-97.760526).

C'est 250pesos (environ 12euros), électricité et eau comprise, pour stationner sur un terrain sommairement aménagé. C'est cher pour ce que c'est, mais je préfère ça à une nuit sur la plage. Babé aurait préféré l'inverse mais se plie adorablement aux conditions exceptionnelles du voyage dans cette partie du pays. Il ne veut pas me croire, mais on fera des bivouacs sauvages dans d'autres états. Promis.

Pour l'heure, dodo, secoué par le vent et en musique jusqu'à tard le soir (merci les voisins !). La journée a été TRES longue et fatiguante.

Et voici où nous sommes :

 
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